POUR UNE CONTRIBUTION CARBONE JUSTE.

Publié le par stephane

Les écologistes sont en faveur de la taxe carbone ?

Pas celle de Nicolas Sarkozy. La taxe carbone version Sarkozy n’est pas écologiquement efficace car elle est trop faible et exonère de nombreux secteurs, dont les industriels. Elle est socialement injuste car le revenu de cette taxe est rendu à tous les ménages, quelque soit leur niveau de revenu. Nous souhaitons que cet argent serve d’abord à compenser les plus modestes, puis à leur proposer des alternatives à l’énergie chère et aux émissions de carbone : isolation des logements, transports publics… Cette version de la taxe carbone, nous la soutenons.
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La droite justifie le report de la taxe carbone par le risque qu’elle ferait peser sur les industriels. Est-ce crédible ?

Non. L’argument général de la perte de compétitivité est utilisé par les tenants de l’immobilisme. Notre vision, au contraire, est que c’est en incitant les industriels à se préparer à un monde où les émissions de carbone devront être quasiment nulles dans les décennies à venir que l’on garantit leur compétitivité. Ce n’est pas en subventionnant nos industries polluantes, en jouant le dumping environnemental, que l’on va les aider à se transformer. Plus on attend, moins on se donne la possibilité d’anticiper l’indispensable transformation écologique, plus on risque de la subir, économiquement et socialement. La Suède notamment l’a bien compris. Pas Sarkozy.

Ceci étant, il y a surement quelques secteurs industriels qui nécessitent une attention particulière pour se mettre sur la voie de la transformation écologique, tout comme les agriculteurs. Pour ceux là, le gouvernement aurait pu décider, comme il le fait pour les ménages, de leur redistribuer l’argent issu de la taxe carbone, non pas en fonction de leur niveau de pollution mais en fonction de leurs investissements verts par exemple. Ainsi, on aurait gardé l’incitation à se transformer sans courir aucun risque de perte de compétitivité internationale. Mais le gouvernement a préféré ignorer cette solution : cela montre que l’argument de la compétitivité n’est qu’une excuse pour abandonner la taxe carbone et complaire à la majorité gouvernementale et à ceux qui ont intérêt à l’immobilisme.

Il ne s’agit pas d’un abandon, mais d’un report en attendant l’Europe ?

Si chaque pays attend que les autres bougent, on n’est pas sorti d’affaires. En mettant l’abandon de la taxe carbone sur le dos de l’Europe, le gouvernement n’assume même pas sa reculade. Une fois de plus l’Europe a bon dos.

Car c’est bien plus qu’un report. Selon la droite, la taxe carbone française attendra soit la mise en œuvre d’une taxe carbone communautaire, soit – ça varie ! – l’instauration d’une taxe carbone aux frontières de l’Europe. Dans les deux cas, ce sont des sujets qui ne seront pas réglés avant des années et des années.

La taxe carbone européenne est un sujet laborieux. Au mieux, on peut espérer une plus grande harmonisation de la fiscalité des différents pays européens sur l’énergie. Mais on est loin d’une taxe carbone ambitieuse, et on est clairement dans un processus de nivellement par le bas : ce sont les pays les moins ambitieux qui vont décider de là où on place la barre.

Quant à la taxe carbone aux frontières, c’est un sujet important… en France ! A Bruxelles, la France est isolée sur ce sujet même si elle a obtenu que l’Allemagne ne s’y oppose pas (ce qui ne veut pas dire qu’elle la soutient !). Les autres grands pays ne veulent pas en entendre parler. Soit parce qu’ils ne veulent pas déclencher de guerre commerciale et voient cet outil comme du protectionnisme. Soit, et c’est notre cas, parce qu’il n’y a aucune raison, à l’heure actuelle, de mettre en œuvre un tel mécanisme ! Le jour où la contrainte sur les entreprises sera significative, le jour où on arrêtera de parler de problème de compétitivité en général mais où on aura identifié les quelques secteurs à regarder de plus près, alors on pourra en parler sérieusement.

La contrainte sur les industrielles est faible aujourd’hui ?

Aujourd’hui et pour très longtemps encore les industriels européens bénéficient, dans le cadre du marché carbone européen, de droits à polluer gratuits, plus que nécessaire la plupart du temps. Et quand ils doivent concrètement faire des efforts ils peuvent décider d’acheter des « crédits carbone » pas chers à l’étranger.

Non seulement l’effort qui leur est demandé concrètement se résume à peau de chagrin, mais certains font même des bénéfices incroyables. Selon une étude anglaise, ArcelorMittal pourrait se faire jusqu'à un milliards d’euros d’ici 2012 ! Lafarge 300 millions ! Ces deux entreprises françaises sont les plus grandes bénéficiaires du système…  Alors on reparlera de taxe carbone aux frontières le jour où les industriels devront payer pour leur pollution, et devront faire des efforts significatifs.



Damien DEMAILLY
Assistant de Yannick JADOT
Parlement Européen
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<br /> Remplaçons simplement la croissance du PIB par la croissance de la qualité de la vie humaine sur la planète.<br /> Le PIB, produit intérieur brut, peut très bien être le résultat d’une nouvelle industrialisation de produits issus de matières recyclées ou recyclables en totalité. Si cette production intègre des<br /> matières premières qui sont rares et non recyclables, alors ces produits doivent sortir de la grande consommation et être gérés par les services publics. Les matières premières rares ne doivent pas<br /> être essentielles dans la fabrication des produits usuels que nous sommes obligés de consommer.<br /> Alors la décroissance est un faux problème.<br /> Tout comme la croissance.<br /> <br /> Le problème est le gaspillage (remarquons que dans gaspillage il y a pillage…).<br /> Nous sommes tous responsables directement ou indirectement.<br /> <br /> Il est facile de montrer dans la vie quotidienne que l’on fait des efforts pour l’écologie, la visibilité immédiate est valorisante citoyennement parlant, une voiture propre, une maison bien isolée<br /> et bardées de capteurs solaires, un jardin bio etc… Mais indirectement cela devient plus confidentiel. Notre argent placé chez notre banquier génère quelques intérêts, particulièrement s’il est<br /> bloqué dans des produits financiers. Combien de personnes savent exactement comment est produite cette rentabilité. Évidemment ce sont des dividendes d’entreprises, dans l’apparence, et la<br /> réflexion s’arrête là… trop compliqué !<br /> Pourtant la réalité est simple ! Une entreprise qui fait des bénéfices peut investir dans sa production, sur du long terme (durable et recyclable bien entendu), en agrandissant ses ateliers et<br /> bureaux, en investissant dans le personnel par la formation et la recherche, mais aussi par la rémunération. Lorsqu’elle a fait tout cela elle redistribue le reste aux actionnaires. C’est cela dans<br /> la théorie, c’était le cas dans les grandes entreprises après la seconde guerre mondiale, alors que ce qui se passe est tout le contraire.<br /> Le processus s’est inversé, les actionnaires exigent une rentabilité immédiate, à deux chiffres, avant toute prévision sur le long terme de l’entreprise. Ces dividendes sont rapidement réinvestis<br /> dans d’autres fonds spéculatifs qui serviront en cascade à spéculer sur n’importe quel produit, matière première, alimentation, industrie etc…<br /> De plus, dans la croissance actuelle, un actionnaire ne se contentera pas d’une rente régulière, elle doit progresser, grandir, quelle limite !?L’argent est roi, le plus riche est le<br /> maître.<br /> Nous sommes dans un délire de mégalo qui entraîne le monde dans un gouffre.<br /> Alors nous sommes pour la décroissance des mégalos !<br /> Ces gens ont un nom, « ultra libéraux ». Ce n’est pas simplement pour certain de faire plus d’argent, c’est aussi une idéologie. Le pouvoir de l’argent par la rente c’est de mettre sous<br /> dépendance l’humanité entière, en s’appropriant le vivant pour le revendre, la force de travail humaine en premier, (les grandes entreprises intérimaires qui se multiplient dans le monde en sont un<br /> exemple souvent dramatique).<br /> <br /> Alors le combat est engagé et il faut choisir son camp.<br /> S’en désintéresser est un choix pour le pire.<br /> <br /> Regardons la destination finale de l’argent que l’on gagne afin d’en réduire progressivement la distance où il sera utilisé. Nous devons privilégier les entreprises de proximité qui touche à<br /> l’alimentation. Ce n’est plus à prouver, et c’est du bon sens. Le choix des produits que nous devons acheter sera motivé par l’éthique exprimée par les entreprises coopératives et mutuelles en<br /> priorité (car elles respectent les gens qu'elles emploient), mais aussi de la qualité écologique des matières importées indispensables (commerce équitable). Les banques coopératives qui n'entre pas<br /> dans le jeux spéculatif seraient la seule garantie pour les pays du sud d'avoir des échanges commerciaux en toute transparence, et pour des produits qui n'affament pas les populations.<br /> En bref, sans aller dans une démonstration magistrale de l'économie, nous pouvons agir par notre comportement quotidien, mais cela ne suffira pas. Un engagement citoyen dans des mouvements qui<br /> défendent ces idées sera nécessaire pour faire pression sur les groupes privés dont l'argent est l'arme principal, celle de la corruption.<br /> Notre arme à nous sera la cohérence économique qui place l'humain au centre de ses préoccupation, notre mobilisation permanente autour d'un débat démocratique. N'oublions pas que la démocratie en<br /> France et en Europe est le résultat de tous ceux qui se sont battus pendant les derniers siècles, qui nous a permis d'être libres, qui reste un model pour les pays du sud.<br /> <br /> Ne nous enfermons pas dans un débat sur la décroissance qui sers juste à nous stigmatiser sur un faux problème.<br /> <br /> Jean Pierre AYRAUL<br /> adhérant vert au groupe de Saintes et signataire d'Europe Écologie<br /> <br /> <br />
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